Communiqué de presse de la Région Sud de la Fédération des Verts Africains après la formation sur les campagnes électorales au Maurice | African Green Federation
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Communiqué de presse de la Région Sud de la Fédération des Verts Africains après la formation sur les campagnes électorales au Maurice

La session de formation de la région sud de l’Afrique a réuni  du 12 au 14 août 2016, à  « Manisa Hotel », à Flic en Flac, au Maurice, les représentants des partis verts du Mozambique, Madagascar, Zambie, Zimbabwe et Maurice, pays hôte.  Les principaux représentants à la session ont été les suivants : Dr Frank Habineza, président de la Fédération des Verts Africains(FEVA) et leader du Democratic Green Party of Rwanda ; Mr. Joao Massango, leader du Partido Ecologista du Mozambique ; Mr. Kelvin Kaunda du Zambia Green Party et « Deputy Mayor » de Lusaka, élu le 12 août 2016 ; Mr. Canny Kaeto du UCAD Green Party du Zimbabwe ; Dr. Chrystophe Ranaivoson et Mme  Fenosoa Ralandison Razafindrasoa, du Hasin’i Madasikara Parti et pour Maurice, vingt membres des Verts Fraternels dont leur leader, Mr. Sylvio Michel.

Suite à la séance d’ouverture couverte par la télévision nationale, seul media ayant répondu à l’invitation des Verts Fraternels, les représentants de chaque parti ont présenté le système et le cadre légal politique de leur pays respectif pour identifier les défis à relever et les moyens de participer aux élections. Il ressort des analyses, débats et échanges d’expériences, bien de points communs, même si les contextes, les structures et les cadres légaux sont bien évidemment différents.

La démocratie : de l’apparence à la réalité.

La démocratie est bien inscrite dans la constitution et le système légal des cinq pays représentés. Cependant, dans la réalité, ceux qui sont au pouvoir peuvent s’y maintenir grâce à des lacunes ou dispositions légales qui réduisent comme une peau de chagrin la notion même de la démocratie. Le parti ou la coalition au pouvoir n’hésite pas à manipuler le cadre légal électoral à sa guise pour mettre en place, dans les faits, un régime à parti unique, un président à vie ou un pouvoir gouvernemental monopolisé par une ethnie.

Quelques exemples. Au Mozambique, il faut 2,000 adhérents pour obtenir l’inscription d’un parti politique auprès du ministère de la Justice ; les ministres ne sont pas élus, mais nommés par le président sur la recommandation du premier ministre et n’ont donc pas de compte à rendre à la population. En Zambie, pour une présidentielle et une députation, le montant non remboursable est respectivement fixé, selon la nouvelle constitution de 2015, à 15,000 et 6,000 dollars américains. Au Zimbabwe, la compilation des registres électoraux donne lieu une manipulation des données, les circonscriptions sont mal délimitées et les centres de vote ne sont pas sécurisés.  Le financement  de la campagne électorale des partis politiques est  strictement réglé, alors que la ZANU-PF, parti du président Mugabe, obtient  son financement à travers les « corporate bodies » sous des formes déguisées.

À Madagascar, si les dispositions de la constitution et du système légal vont dans le sens d’une démocratie politique, les centres de votes et les listes électoraux présentent des défaillances permettant leur manipulation par le parti au pouvoir. Le Hasin’i Madagasikara Parti, parti vert dans l’opposition, a dû se battre pour  ses deux députés élus, mais non proclamés parce que  leurs noms ne figuraient pas sur la liste des candidats. Au Rwanda, au lendemain du génocide, en 1990,  Paul Kagamé du Front Patriotique du Rwanda est au pouvoir, bénéficiant du support de sept autres  partis politiques qui ont des ministres ou qui occupent de très hautes fonctions dans l’administration. Le Democratic Green Party of Rwanda, fondé par  Dr Frank Habineza, est l’unique parti d’opposition à l’heure actuelle. Pour obtenir l’enregistrement de ce parti, il a fallu 4 ans de lutte.

À Maurice, en dépit de sa réputation de pays démocratique, en 48 ans d’indépendance, il n’y a eu que  quatre premiers ministres dont un qui n’a eu qu’un mandat de deux ans, grâce à un accord conclu dans un cadre bien limité. Depuis 1968, la constitution du pays divise la population en communautés religieuses et/ou ethniques et dans la pratique, le statut de Premier ministre est conditionné par le critère d’ethnie et de caste ; il semblerait qu’il se transmettrait également de père en fils.

 

Les moyens identifiés pour surmonter les défis

Face à de telles situations, les partis verts dont le premier principe de lutte est la non-violence et le respect de la démocratie, ont échangé sur les différents moyens pour surmonter les défis identifiés et promouvoir  la démocratie participative.

1.       Les alliances politiques. Les alliances conclues pour les élections présidentielles, législatives ou locales avec d’autres forces politiques, permettent l’accès des verts dans les sphères du pouvoir.  Cependant, les expériences dans ce sens montrent que les partenaires majoritaires, une fois installés,  ne respectent pas les accords électoraux conclus, forçant les élus verts à aller dans l’opposition ou à abandonner leurs mandats. L’expérience des verts mauriciens montre la nécessité de conclure les alliances sur des accords précis. Se présenter en dehors de toute alliance aux élections a aussi ses aspects positifs : l’intégrité des partis verts n’est pas entachée de la mauvaise réputation des anciens partis avec lesquels ils sont en alliance ; ils peuvent exercer leur liberté d’action et d’expression.

2.       Le financement des campagnes électorales des partis politiques. Ce financement constitue une des principales barrières à la participation des partis verts de la région aux élections. Le montant exigé pour le dépôt d’une candidature à une présidentielle ou une législative alors qu’il n’existe aucun financement public pour la campagne électorale  dans n’importe quel pays de la région, constitue une entorse légale à la démocratie. Un financement public dont le contrôle doit être assuré par la commission électorale est nécessaire.

3.        Les médias et la liberté d’expression

Tous les partis verts en présence souffrent du boycott de la presse. Alors qu’à Maurice, le boycott vient essentiellement des medias privés comme constaté à la séance d’ouverture,  dans les autres pays, le droit à la liberté d’expression des partis de l’opposition est bafoué par les medias nationaux. Il est recommandé d’avoir son propre moyen de communications. Mais à Madagascar, les équipements  de télé et de radio achetés à grands frais  par Hasin’i Madagasikara Parti  ont été mis sous séquestre par le gouvernement.  

4.       La réforme de la loi électorale. Celle-ci doit comporter :

(i)                  L’enregistrement d’un parti politique auprès de la commission électorale.

(ii)                la représentation proportionnelle dans son intégralité dans chaque démocratie, seul élément démocratique unificateur pouvant assurer une représentation des  principales sensibilités politiques d’un pays ;

(iii)               un nombre de  deux  mandats d’une durée de cinq ans chacun à tout(e) président(e)  et premier/première ministre,  la tenue d’élections à chaque cinq ans.

(iv)              le montant du dépôt d’une candidature à la députation et à la présidentielle doit être revu à la baisse ;

(v)                l’informatisation du processus de vote en utilisant simultanément  le bulletin de vote ;

(vi)               la place de l’opposition et la société civile dans la commission électorale pour assurer  son fonctionnement impartial;

(vii)             des registres électoraux et des bulletins de vote fiables et vérifiables à l’avance ;

(viii)            des  centres de vote sécurisés et débarrassés du harcèlement politique et de corruption ;

(ix)              Le financement public de la campagne électorale des partis et sa réglementation légale ;

(x)                des observateurs crédibles pour chaque scrutin important.

 

Un nouveau comité de la FEVA élu  pour la région sud de l’Afrique.

A la fin de la session, les représentants des cinq délégations se sont réunis en congrès régional à la requête du  président de la FEVA, Dr Frank Habineza, avec un agenda portant sur la préparation du  congrès de 2017 des  Verts Globaux, à Liverpool, Grande Bretagne et l’élection d’un nouveau comité de la   FEVApour la région regroupant les pays du sud de l’Afrique et des îles de l’océan indien.

Le nouveau comité de la région sud est ainsi constitué : président, Sylvio Michel (Maurice) ; vice-président, Joao Massango (Mozambique) ; secrétaire-général, Fenosoa Ralandison- Razafindrasoan (Madagascar) ; secrétaire-général adjoint: Mr.Canny Kaeto (Zimbabwe) ; Trésorier, Kelvin Kaunda (Zambie) ; Communication,  Peter Sinkamba (Zambie) et Responsable de la « Youth & Gender commission »,  Karine Kathan ( Maurice).

 

Sylvio Michel,

Président du comité de la région  sud de la FEVA